Duels aériens ...
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duel aérien pendant la bataille d'Angleterre
bataille d'Angleterre
Pilotes de la R.A.F en 1940
pilotes de la R.A.F.
Le commandant a crié « En piqué, en piqué, en piqué! » et il a piqué après un renversement. Les autres l'ont suivi en attaquant, un par un. J'étais le dernier de la file, numéro 14, et je ne pouvais toujours pas voir les Allemands que nous attaquions. Ensuite, le gars qui me précédait, le numéro 13, passa sur le dos et se rua dans la direction supposée de l'ennemi. Je le suivis. En passant sur le dos puis en redressant, je regardai vers le bas et je les vis des groupes serrés d'avions vert-brun avec de petites croix sur les ailes. C'était une grosse formation de Messerschmitt 110, peut-être trente ou quarante.
Je piquai sur eux. Je n'avais pas peur. Ils ne m'auraient pas, comme Errol Flynn qui n'était jamais touché dans ses films. Pendant que je piquais, un groupe de 110 forma un grand cercle défensif en tournant sans cesse. Je redressai et me rapprochai du cercle. Les 110 défilaient devant moi, l'un après l'autre. Je tirai sans arrêt, en gardant le doigt sur la détente. Finalement, je dégageai. Je ne sais pas si j'en ai touché un. Mais j'avais un impact de balle dans un saumon d'aile. Je pensai: « Chouette! J'ai récolté un souvenir. » C'était ma première expérience du combat.
Ce soir-Ià, on nous a envoyés patrouiller au-dessus de Douvres. Nous étions au-dessus du port quand tout à coup j'ai entendu un bang, et une balle m'a filé entre les jambes. J'ai regardé devant le nez de mon avion et j'ai vu des petits points blancs apparaître. Des balles perforaient les tôles de mon avion. Je regardai vers le haut et là, à moins de dix mètres au-dessus de moi, passa une aile bleu-vert frappée d'une croix de fer, un Messerschmitt 109.
On était entouré de 109. Le gars que je suivais était en feu. Je dégageai brusquement et vis que mon moteur surchauffait rapidement. Je piquai et je réussis à me poser sur ma base juste quand le moteur a serré. C'est à ce moment là que j'ai enfin réalisé que ces Allemands avaient l'intention de me tuer, qu'il n'était plus question d'un grand jeu ou d'un film d'actualités, et que si je ne faisais pas plus attention à moi, je n'allais pas tarder à y passer.

jig et Ann Lowe servent dans les WAAF [auxiliaires féminines de la RAFJ. à Tangmere, grande base de chasse. Ecouter les échanges radio était parfois très éprouvant...
Ils avaient laissé leur radio branchée et on pouvait entendre leurs voix calmes avertir avec jubilation qu'ils avaient vu un avion allemand. On entendait aussi les détonations des mitrailleuses et, quelquefois, on les entendait piquer, et aussi les derniers hurlements quand les balles frappaient l'avion avant que la radio s'arrête.
On pouvait être avec eux au pub à Chichester un soir et le lendemain, plus personne. Effacés, comme leurs noms sur le tableau de service de la salle d'opérations.
On savait qu'ils étaient morts quand leurs noms disparaissaient du tableau. Mais ils restaient dans nos coeurs et dans nos souvenirs. Il y en eut tellement. Ils portaient le deuil de leurs disparus sans manières et se ruaient de nouveau dans le ciel. Alors on a commencé à savoir, à comprendre un peu mieux et à connaître la guerre.
On entendait toujours pleurer. Tous les jours, une fille pleurait.
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